GOUPIL

Produire pour vendre : les estampes et les photogravures de la maison Goupil à l’âge de la Révolution industrielle.

Ce programme pluridisciplinaire se propose de renouveler l’étude de la collection de la maison Goupil en portant l’accent sur l’analyse matérielle des estampes et des photogravures tout en replaçant cette dimension dans son contexte historique, technique, esthétique, économique et social.

Le musée Goupil fondé en 1991 et incorporé au musée d’Aquitaine (MAQ) en 1998, conserve le fonds de la maison Goupil & Cie, l’un des marchands d’art et éditeurs les plus importants du XIXe siècle. Fondée en 1829 à Paris, cette entreprise se consacre notamment à la diffusion de l’art contemporain, bâtissant sa fortune sur la commercialisation de reproduction d’œuvres à succès des Salons parisiens. Soucieuse de proposer à une clientèle élargie des produits variés, adaptés à différentes attentes et à toutes les bourses, Goupil ouvre quatre établissements à Paris, puis des succursales à Londres, New York, Berlin, La Haye, Vienne et Bruxelles, ainsi que de nombreux comptoirs de vente disséminés dans le monde entier.

Son activité s’inscrit au cœur d’un siècle marqué par un bouleversement de l’économie des images et de profondes mutations sociales. La production d’images se massifie et se diversifie, à la faveur d’innovations techniques incessantes stimulées par la Révolution industrielle, la concurrence et l’évolution du marché. L’heure est à la démocratisation de l’art comme à la vulgarisation. L’étude de ce fonds nécessite la mobilisation de chercheurs spécialisés dans l’étude matérielle des supports, pigments et colorants ainsi que dans les procédés techniques, en interaction avec des historiens de l’art aptes à analyser le choix des œuvres, les modalités de leurs reproductions, les stratégies commerciales, l’impact sur les carrières des artistes, la culture visuelle ou l’évolution du goût. L’approche historique et archéométrique permettra aussi de remettre au premier plan des questions liées au choix et à la qualité des matériaux, comme à la conservation dans le temps des produits proposés au catalogue de l’éditeur.

L’équipe archéométrique dispose d’un parc instrumental portable, sans contact et complémentaire permettant l’analyse des matériaux (encres, papier, colorants) et techniques (gravure, photogravure). Les méthodes d’investigation ont été éprouvées dans le cadre de nombreux projets financés (enluminures, estampes japonaises, tapisseries). La mobilisation des historiens de l’art permettra d’étudier les œuvres et les reproductions, les stratégies commerciales, l’histoire des expositions, les discours tenus sur l’entreprise et ses produits. L’implication des citoyens (associations bordelaises, éditeurs, artisans…) dans une science participative viendra compléter et enrichir les travaux en proposant, entre autres, des ateliers et séminaires. Des outils numériques seront développés (interface collaboratif, SIR3D, film) pour faciliter la recherche et la valoriser.

Un projet exploratoire mené et financé par le GPR Human Past en 2023 a permis de valider une méthodologie spécifique et de donner des résultats sur l’identification des matériaux et le choix de certains pigments (bleu de Prusse, bleu de cobalt, ocres, vermillon…) d’une quinzaine d’estampes. Le corpus et les méthodes analytiques seront ici augmentés. Les données obtenues viendront compléter la numérisation des estampes de la collection menée par le MAQ et l’exposition envisagée en 2027 avec le musée des Beaux-Arts de Bordeaux. À cet événement sera adossé un colloque international visant à présenter les apports du programme comme les champs d’étude et les problématiques générés par cette synergie.

Voir en ligne : Corpus du projet Goupil.

Porteur : Mounier, Aurélie
Doctorante : Groscol, Lou
Partenaires : Musée d’Aquitaine, Centre François-Georges Pariset, CBMN, Archeovision Production, Associations Archimuse et des Amis du MAQ, Bertrand Boucquey éditeur.
Financement : Région Nouvelle Aquitaine ; Co-financement : GPR Human Past, UBM-PSE, Centre François-Georges Pariset

Publié le 7 mai 2025 , mis à jour le 7 mai 2025.